
Le Français Bertrand Grospellier, alias ElkY, jouit d’une immense popularité auprès de milliers de fans avec lesquels il entretient un contact permanent.
Le Point.fr : Dans les années 2000, vous avez connu une période faste durant laquelle vous avez accumulé les titres et des gains faramineux qui se comptent en millions. Ces dernières années ont été marquées par un reflux, comment l’expliquez-vous ?
Bertrand Grospellier : Je pense que la variance est l’une des explications. Il s’agit de la part de chance qui existe dans un tournoi. Elle n’a pas été avec moi ces derniers temps. D’autre part, je pense que le niveau moyen des joueurs a augmenté. Avant, j’attendais les erreurs de mes adversaires pour en profiter. Aujourd’hui, les fautes commises par les joueurs sont infimes. Ils regardent des vidéos et s’informent de plus en plus.
Vous appartenez à la Team PokerStars. Que pensez-vous de la stratégie marketing de la room qui vise à miser de plus en plus sur des sportifs ? Votre partenariat va-t-il se poursuivre ?
Cette stratégie s’inscrit dans une certaine continuité. Par le passé, des sportifs comme Boris Becker ou Rafael Nadal ont porté les couleurs de PokerStars. Aujourd’hui, Neymar et Ronaldo sont devenus les ambassadeurs. Je pense qu’il existe des liens très forts entre le poker et le sport. De plus, ces footballeurs disposent d’une base de fans vraiment impressionnante. Cette stratégie va permettre de recruter de nouveaux joueurs. J’ai de très bonnes relations avec PokerStars, je ne vois pas mon futur sans cette room.
Vous retransmettez régulièrement vos sessions de poker sur Twitch. Elles sont très suivies. En quoi cet outil apporte-t-il une innovation ?
Twitch est vraiment un outil révolutionnaire pour le poker. Ce système permet de diffuser mes sessions en direct. Il rend l’expérience de jeu beaucoup plus interactive. Je réalise des sessions le plus souvent possible. Mes « viewers » peuvent vraiment suivre mes raisonnements. Cela rend le poker plus amusant, plus attractif, et ça me plaît beaucoup. En live, les fans ne peuvent pas se retrouver autour de la table. Online, ils peuvent m’accompagner. Mes fans sont loyaux. Ils me suivent dans les hauts et les bas. L’interactivité est très forte avec eux. Je cultive ça, je m’investis beaucoup.
Que pensez-vous de la Global Poker League, un projet de championnat ?
Ce projet est ambitieux. Vouloir faire du poker un sport est une bonne idée. De nombreuses zones d’ombre demeurent. Alexandre Dreyfus, son initiateur, a le mérite de vouloir lancer un projet novateur qui peut revivifier le poker. C’est intéressant. Je suis disponible pour la Draft, c’est-à-dire pour être recruté dans l’une des équipes.
Quel regard portez-vous sur la situation du poker en France ?
Certains tournois, comme les France Poker Series (FPS), battent des records. C’est la preuve qu’une communauté de passionnés est toujours importante. Malheureusement, depuis quelques mois, il y a une pénurie de tournois. Les fermetures de cercles se sont multipliées. C’est dommage. Les Français constituent souvent l’une des nations les plus représentées sur les EPT. Online, le cloisonnement du marché est aussi un frein au dynamisme du jeu.
Vous venez d’emménager à Prague, quelles sont les raisons de ce choix ?
J’ai pensé à Malte dans un premier temps, avant de renoncer. Prague est une ville bien desservie et très agréable. Je peux jouer au poker à la fois sur le « .fr » et le « .com ».
Quels sont les lieux les agréables pour jouer au poker ?
Monaco et Barcelone sont deux destinations que j’adore. On peut y faire beaucoup de choses en dehors du poker. Vegas est aussi un lieu que j’affectionne même si, en dehors des World Series, il y a de moins en moins de tournois. Je m’y rendrai d’ailleurs cet été.
(Interview lePoint.fr)